Télédétection Remote sensing

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Bibliographie

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Définition

La télédétection regroupe l’ensemble des méthodes utilisées pour récolter des informations au sujet d’un objet à distance. Ces procédés s’opèrent essentiellement à l’aide d’appareils tels que des satellites, par exemple, et sont mobilisés dans divers domaines tels que la géographie, la météorologie ou même la surveillance militaire.

Pour citer : « Télédétection », Performascope : Lexique interdisciplinaire des performances et de la recherche-création, Grenoble : Université Grenoble Alpes, 2021, [en ligne] : http://performascope.univ-grenoble-alpes.fr/fr/detail/177577

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Date de création : 2021-06-09.

Dernière modification : 2022-06-29.

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Bibliographie

« Mesure à distance de phénomènes de la surface de la Terre (y compris l’atmosphère et les océans) par le moyen de capteurs installés à bord de satellites artificiels ou d’aéronefs. »

Roger Brunet, Robert Ferras, Hervé Théry, Les Mots de la géographie. Dictionnaire critique, Montpellier-Paris : GIP Reclus-La documentation française, 1992, p.475


« The gathering, retrieval and storage of mass data by means of aerial survey, airborne electronic scanning devices, and increasingly by orbital satellites and spacecraft, these sensors operating at considerable distances from the source. While a limited amount of data can be processed manually (e.g. air-photo interpretation), the vast increase in data requires computer techniques for processing and analysis. »

Francis John Monkhouse, A Dictionary of Geography, Londres : Routledge, 2017, p.294

Géographie
Derek McCormack, Professeur, Géographie, Université d’Oxford, Royaume-Uni

On entend le plus souvent par télédétection la pratique technique impliquant l’acquisition d’informations sur un objet ou un site sans contact direct, et souvent à une distance importante. L’exemple de télédétection qui nous est le plus familier est l’imagerie satellitaire de la surface de la terre. De telles images sont très utiles. Elles peuvent notamment mettre en évidence l’évolution de l’utilisation des sols et d’une façon telle que des méthodes d’enquête au sol ne pourraient le faire. La télédétection peut également être effectuée depuis des avions et les drones constituent aujourd’hui un autre outil de télédétection, à la fois très mobile et relativement bon marché.

Les formes contemporaines de télédétection ont été précédées par le vol en ballon, grâce auquel ont été prises les premières images de la terre obtenues par télédétection. C’est en faisant des recherches sur un épisode spécifique du vol en ballon, l’expédition Andrée au pôle Nord, qui a échoué en 1897, que j’ai commencé à réfléchir à la télédétection. L’un des objectifs de l’expédition était de détecter à distance l’Arctique par la photographie, mais l’expédition a disparu. Ses vestiges, dont des corps, des photos et des journaux intimes, ont été découverts 33 ans plus tard. En travaillant sur certains de ces matériaux, j’ai commencé à imaginer une version différente de la télédétection qui impliquerait de détecter l’expédition après sa perte, par la capacité d’être affecté par les restes qu’elle avait laissés.

Cela m’a incité à poursuivre ma réflexion sur les problèmes et les possibilités qu’ouvrait la télédétection et à réexaminer les diverses critiques qui circulent à son sujet au sein de la géographie culturelle, la sous-discipline dans laquelle j’effectue mes recherches. En tant qu’assemblage de technologies et de techniques, la télédétection semble mettre l’accent sur la vue d’en haut en tant que principal sens permettant d’appréhender l’espace. Quand j’étais doctorant, cette façon d’appréhender l’espace était très critiquée au sein de la géographie culturelle. Bien que prétendument neutre d’un point de vue technique, elle illustrait l’attrait d’une « vue de nulle part », réalisant le type de « god trick » dont Donna Haraway a parlé. À la lumière de certains de ces problèmes, les spécialistes de géographie culturels ont fait valoir l’importance de formes de détection qui mettent l’accent sur l’expérience située de l’incorporation, et qui affirment la présence (ou du moins la co-présence) et la proximité. Ces formes de perception ne sont pas réductibles à la vision, mais incluent le toucher, le son et l’odorat.

Cependant, cet accent mis sur la situationnalité, l’immersion et la présence n’est pas si directement opposé à l’idée de télédétection brièvement décrite ci-dessus. En fait, toute détection implique un degré d’éloignement qui complique tout rêve de présence. Je veux dire par là qu’aucun corps ne peut en saisir pleinement un autre, et qu’aucun corps n’est jamais pleinement co-présent ou co-incident. Il reste toujours d’un corps quelque chose qui se trouve en retrait - ou éloigné – et qui ne peut être appréhendé ou acquis par un autre corps. La détection d’un autre corps implique toujours une forme d’éloignement, quelle que soit l’échelle considérée, même s’il s’agit de deux danseurs qui se déplacent ensemble, una argument qui serait pertinent pour la façon dont nous pouvons penser à certaines des activités menées au sein du Performance Lab.

Cette version de la télédétection est simultanément spatiale et temporelle. Dans l’espace, il s’agit de la manière dont les corps affectent (ou déplacent) et sont affectés (ou sont déplacés) par d’autres corps qui sont toujours éloignés. Cette question se complique bien sûr avec la médiation numérique et l’extension des capacités des corps à percevoir et à être perçus par d’autres à distance. Sur le plan temporel, la télédétection nous rappelle que nous sommes affectés par des corps qui ne sont plus présents. Nous ressentons l’influence et la force des corps qui ne sont plus vivants, qui n’existent plus que sous forme de souvenirs ou de traces d’artefacts. Nous percevons le sillage de leurs vies et de leurs morts affectives. Nous sommes également affectés par les corps que nous étions et ceux que nous pourrions devenir, des corps avec lesquels nous ne pourrons jamais avoir de contact physique ou direct, et que nous ne pourrons donc jamais percevoir qu’à distance.

Pour citer : Derek McCormack, « Télédétection », traduit par Felix de Montety, Performascope : Lexique interdisciplinaire des performances et de la recherche-création, Grenoble : Université Grenoble Alpes, 2021, [en ligne] : http://performascope.univ-grenoble-alpes.fr/fr/detail/177577

Fernand Verger, « La télédétection spatiale, outil géographique », L’espace géographique, 13, 3, 1984, pp.189-172